Anne-Marie Pascoli

Où je suis

De la danse Vers le soin
Des arts de l'attention

Aller par d'autres chemins

« Entrer en contact avec tous les aliens familiers »*

Evoquer la relation de la création et du soin dans mon quotidien aujourd’hui m’oblige à parler de l’intime de mon histoire, je m’éloignerais trop de la peau des choses si je choisissais un énoncé distancié, analytique, du moins pour commencer.

Evoquer le « où » je suis, c’est accepter l’immersion dans un paysage où j’accepte d’avoir fondue, dans lequel ma présence serait une dissolution au profit de mots couleurs, de mots saveurs, comme autant de formes en relation, de choses en mouvement, que l’on pourrait nommer, dessiner, floues de précision.

C’est ce flou-là qui m’intéresse, cet « indéterminé » qui préside à tout processus de création. Essayer de comprendre un peu sans saisir, sans fixer, adopter le glissement dans l’ordre et le désordre relationnel des choses que sont les idées, les objets, les vivants, les histoires, les champs….

Ce que le Robert nous dit du mot « chose » : Réalité concrète ou abstraite perçue ou concevable comme un objet unique. Voir, percevoir, imaginer une chose.  Être, évènement, objet. Premier glissement vers le pluriel du mot « les choses », le réel.

Et là, déjà, premier grand flou, qu’est-ce que le réel ?

Revenir à l’intime, à la peau de l’histoire et dessiner un premier contour au paysage.

Pour tous ceux qui marchent un peu perdus dans leur image.

ETOFFE ET MOI ou le froissé de l’eau

De quelle étoffe ma peau mes os mes tendons mes muscles mes viscères
mes nerfs mes vaisseaux transports de sang de lymphe de désir de rage
de peur d’espoir

De quelle étoffe les liens entre ma peau mes os mes tendons mes muscles

De quelle étoffe le fil de mon histoire blottie dans la poche cousue d’un cœur si rouge et sa langue enfantine perdue dans la doublure

De quelle étoffe la mémoire résille au cerveau palpitant du mou contre le dur de son crâne résistante

De quelle étoffe à l’œil l’ourlet des larmes se défait voile impudique au corps de l’immense tristesse

De quelle étoffe encore les mots en points d’attaches brodent un discours fragile dentelles perlées

J’exsude ma propre enveloppe sans toujours rien savoir de ce qu’elle habille

De quelle étoffe alors ton regard froissera avec la douceur de la plus fine soie la cassure de mes plis
Pour qu’encore une fois le tombé soit juste le mouvement léger,

Pour qu’encore une fois J’exsude un habit d’eau de toute densité danser.

« Le Froissé de l’eau » création in Situ 2012

*Manières d’être vivant – Baptiste Morizot

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